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Assis sur le grand autel, le nouveau pape donna aux assistants sa bénédiction solennelle, après que le décret de son élection lui eut été remis, le 17 décembre 1439. Il reçut tous les ordres sacrés en trois jours, dit sa première messe à Thonon, le 6 janvier suivant, et le 24 juillet avait lieu son entrée à Bâle avec une pompe extraordinaire. L’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, Milan, le Piémont, la Savoie, le reconnurent pour chef visible de l’Église et envoyèrent des ambassadeurs pour assister à son couronnement[1].

Depuis son siège pontifical de Lausanne, il n’oublia point la nécropole de sa famille, où il avait lui-même choisi sa sépulture, comme nous l’avons vu ; il le prouva en lui annexant un prieuré assez important dont les possessions s’étendaient sur la rive opposée du lac du Bourget et que l’on pouvait apercevoir depuis les terrasses d’Hautecombe : nous voulons parler du prieuré de Saint-Innocent.

C’était un des plus anciens monastères de la Savoie. Le coteau sur lequel il s’élevait, abrité contre les grands froids par une chaîne de montagnes, présentant sa déclivité aux rayons du midi, préservé des touffeurs énervantes de l’été par le voisinage du lac qui se déroule à sa base, avait été habité depuis les temps les plus reculés, comme la plupart de nos localités heureusement situées. Pour

  1. Guichenon et Grillet ont exagéré le nombre des princes et des pays qui le reconnurent pour pape. Il n’est même pas très certain que l’Angleterre doive y être comprise : car Henri VI écrivit de Windsor au concile de Bâle, pour l’exhorter à ne pas se séparer d’Eugène IV. Cette lettre existe à la bibliothèque de Genève. Voir Senebier, Catalogue raisonné, etc. — D’après l’abbé Darras, l’empereur d’Allemagne et le roi de France résolurent de garder la neutralité entre Félix V et Eugène IV. (Hist. générale de l’Église.)
    La majeure partie de la chrétienté resta fidèle à Eugène IV.