Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 298 —

aux droits de juridiction accordés à l’abbaye dans les posscssions qu’elle avait à Méry et dans les environs, au val de Crenne et sur la rive occidentale du lac.

La seconde de ces restrictions au droit absolu de juridiction avait entraîné de funestes conséquences. Des étrangers, à la faveur de l’espèce d’impunité dont ils jouissaient sur les terres de l’abbaye, où les officiers du comte pouvaient seuls les rechercher, s’étaient rendus coupables d’homicides, de vols, d’agressions violentes et de dévastations dans les vignobles du monastère. Deux personnes, dont un frère convers d’Hautecombe, avaient été tuées et les meurtriers étaient restés impunis.

Pour mettre fin à cet état de choses, Sébastien d’Orlyé et ses religieux adressent à la duchesse Yolande une requête où ils lui demandent l’abolition des deux réserves apposées aux chartes de juridiction de l’abbaye.

La régente fit examiner cette demande par son conseil et, d’après son avis, elle y répondit par lettres patentes que l’on trouvera aux Documents[1] et dont voici le résumé :

Yolande, fille aînée et sœur des rois très chrétiens de France, duchesse, tutrice de son auguste fils Philibert, duc de Savoie, de Chablais, prince et vicaire perpétuel du saint empire romain, etc. ; considérant que le culte de la justice doit être plutôt étendu que restreint, accordons, mais pendant sa vie seulement, à notre très cher conseiller, Sébastien d’Orlyé, et à son couvent, le mère et le mixte empire, la juridiction omnimode et le droit d’infliger le dernier supplice sur et contre tous les délinquants étrangers habitant le territoire de sa juridiction, en n’exceptant que les hommes appartenant au duc de Savoie, c’est-à-dire

  1. Voir Documents, n° 34.