« ce serait préjudicier au mérite, loyer et récompense d’honneur que le droit a voulu être déféré à ceux qui, in ordine de senatoria dignitate, se sont de longue main et tout le temps de leur vie occupés à acquérir une vraie distribution de la justice ; » que, du reste, le siège était séculier et non ecclésiastique, refusa l’entérinement de l’édit.
Dans une nouvelle requête, Delbene expliqua qu’il ne voulait en rien déplaire à la vénérable compagnie dont il avait l’honneur de faire partie depuis longtemps, qu’il n’entendait nullement lui enlever l’honneur d’une présidence et qu’il demandait seulement que lui et ses successeurs fussent déclarés sénateurs-nés, prenant place après le premier sénateur à leur rang et degré, aient voix délibérative en se conformant aux usages reçus. Ce qui fut admis par arrêt du 25 mai 1594 ; et le Sénat ajouta qu’avant d’être reçus et avoir voix délibérative, les abbés seraient examinés sur le fait de la justice, à moins qu’ils n’aient été nommés par le Sénat ; qu’ils seraient assis suivant le temps de leur réception, prêteraient serment et payeraient les droits accoutumés.
Ces dispositions furent fidèlement exécutées lorsque les successeurs d’Alphonse Delbene entrèrent au Sénat : Sylvestre de Saluces, le 26 mars 1606 ; Adrien de Saluces, le 5 décembre 1633 ; dom Antoine de Savoie, le 5 avril 1656, et Jean-Antoine Marelli, le 7 septembre 1688[1].
Les instances de messire Guillaume Chabod avaient donc abouti. Son fondé de pouvoir se rendit à Hautecombe, et, devant le chapitre réuni, il remit à l’abbé l’édit
- ↑ Archives du Sénat. — Burnier, Hist. du Sénat de Savoie, t. 1. — Bally, Recueil des Édits.