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vis-à-vis du couvent d’Hautecombe et des autres maisons religieuses de la Savoie, laissa la communauté jouir de ses biens des rives du lac jusqu’en 1859. Une décision de la Cour suprême, cassant un arrêt de la Cour de Gênes, vint alors consacrer le principe que toutes les maisons religieuses contemplées dans le décret royal du 29 mai étaient légalement supprimées, quelles que fussent leurs raisons pour prétendre le contraire.

Tout pouvait dès lors être remis en question, et les décisions les plus explicites rendues jusqu’alors en faveur d’Hautecombe tremblaient sur leurs bases. Le procès recommença en effet ; mais l’arsenal des défenseurs des couvents n’avait point été épuisé par leurs premières luttes : ils trouvèrent encore des armes assez bonnes pour faire ajourner toute décision définitive jusqu’à des temps meilleurs.

À cette époque, les religieux pouvaient, des terrasses de leur monastère, voir défiler sur l’autre rive du lac les longs convois portant dans les plaines de la Lombardie les soldats de Napoléon III. Une rumeur d’annexion à la France courait dans la province ; la meilleure tactique était de greffer opposition sur opposition, pour éviter une mesure fatale qui eut été sanctionnée comme un fait accompli par le nouveau gouvernement.

Le traité du 24 mars 1860 vint justifier ces pressentiments. Quelques jours avant sa présentation au Sénat de Turin, le comte de Collobiano demanda la parole sur la situation qui serait faite aux diverses fondations émanées de la famille de Savoie, existant dans les territoires cédés, et spécialement sur le sort qui attendait Hautecombe mourant sous le coup d’un procès des plus regrettables.

Le comte Alfieri, président du Sénat, lui répondit que