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ne porte de date ; mais, nous le répétons, il faut les reporter entre les années 1139 et 1144[1].

Les tristes conditions de ce nouvel établissement, qui avaient abattu le courage de l’abbé Vivian, nous sont retracées dans le récit de la visite du seigneur d’Hauterive à son fils, que nous trouvons dans les annales de Cîteaux. Ce vieux gentilhomme, rentré à Bonnevaux depuis le départ du jeune Amédée de la cour d’Allemagne, suivait toujours de son affection son fils doublement chéri. Joyeux de |’avoir vu choisir par saint Bernard, préférablement à tant d’autres plus expérimentés, pour gouverner une abbaye récemment fondée, il demanda et obtint l’autorisation de venir le voir à Hautecombe. À la vue de cette communauté menacée de mort avant d’avoir pu naître, obligée de vivre sur une bande de terre resserrée entre

  1. Voir l’acte de confirmation d’Arducius aux Documents, no 4.
    Le monastère d’Hautecombe se trouvait sur les confins du vaste diocèse du Genève. La limite de ce diocèse sur le sol savoisien, après avoir franchi le Rhône entre Lucey et Chanaz, suivait la crête du Mont-du-Chat jusqu’au col ou passe actuellement la route de Chambéry à Yenne et où se rencontraient les trois diocèses de Belley, Grenoble et Genève. Du col, elle descendait la montagne en ligne droits, laissant le village de Bourdeau au diocèse de Grenoble, traversait le lac, venait aboutir a la base méridionale du Corsuet, côtoyait les paroisses de Saint-Sigismund et de Pugny appartenant au diocèse de Grenoble, rejoignait les montagnes d’Azi et de Nivolet, en laissant au même diocèse les paroisses de Saint-Michel des Déserts, Thoiry, Puisgros, atteignait la crête de la montagne qui ferme la vallée de l’Isère au-dessus de Saint-Jean de la Porte, puis suivait cette sommité jusqu’à la gorge de Tamié. De ce point, où se réunissaient les diocèses de Grenoble, de Tarentaise et de Genève, et où l’on voyait, à une lieue de distance, celui de Maurienne, elle rejoignait le mont Bisanne entre Ugine et Beaufort, puis le massif du Mont-Blanc, et de là aboutissait à Saint-Gingolph, en suivant la crête des Alpes qui séparent le Valais de la Haute-Savoie. (Voir le Régeste genevois.)