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CHAPITRE IV


Mort de saint Bernard. — Prospérité de l’Ordre cistercien. — Rodolphe Ier, abbé d’Hautecombe. — Dernières années de saint Amédée.

L’année 1153 vit partir de ce monde les deux plus illustres représentants de la catholicité à cette époque : le religieux qui, de sa cellule, remuait le monde par sa parole et ses écrits ; et son disciple, le pape Eugène III, qui, d’abord simple moine à Clairvaux, termina ses jours sur le trône de saint Pierre.

L’activité que saint Bernard manifesta toute sa vie paraissait un miracle continuel à ceux qui étaient admis dans son intimité. Sa santé délicate, usée par les austérités et les ardeurs de son âme, paraissait devoir défaillir chaque fois qu’une maladie clouait momentanément le saint religieux à son humble grabat, et cependant elle résistait aux fatigues des longs offices, des prédications, des fréquents voyages qui s’opéraient alors au milieu de bien des difficultés. Elle permettait encore à ce moine, vêtu de bure, d’entretenir une correspondance avec tous les grands personnages de son siècle et de prêter son concours à toutes les œuvres tendant à la glorification de son Dieu et à la pacification des hommes. Cependant, dès le commencement de 1152, ses infirmités redoublèrent : de longs évanouissements présagèrent sa fin prochaine, et le ving-