Page:Histoire de la classe ouvrière depuis l'esclave jusqu'au prolétaire de nos jours V1.djvu/13

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Aux souscripteurs

de

L'Histoire de la classe ouvrière.


Dans le Prospectus de l'Histoire de la Classe ouvrière, nous avions annoncé d’abord que cette histoire se composerait de trois volumes seulement. En parlant ainsi, nous disions vrai, persuadé que nous étions, alors, que trois volumes suffiraient à embrasser tout entier notre sujet. Or, à mesure que nous avons poussé notre travail, nous avons reconnu que la classe ouvrière, qui compte si peu dans l’Etat, occupe, néanmoins, une si large place dans les faits, que borner son histoire à trois volumes, c’était, réellement, mutiler cette histoire.

Comment, par exemple, supprimer d’un trait, dans notre récit, cette foule de sectes égalitaires dont la voix retentit, au moyen âge, comme un écho avant-coureur de ce qui se passe aujourd’hui dans l’âme des prolétaires ? Comment ne pas exposer au vif cette série de protestations en tous genres que la féodalité souleva, depuis l’affranchissement des communes jusqu’à la proclamation de la République française ? Supprimer cela, c’était enlever à la classe ouvrière de nos jours sa tradition, sa source, sa genèse, pour ainsi dire.

Eh bien ! notre conscience nous a défendu d’opérer une telle castration dans notre sujet ; nous avons voulu prouver par les faits que le sentiment de l’égalité sociale qui reluit au front du