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De la classe ouvrière

laire, qu’il s'efforce de saisir à travers toutes les éventualités de la concurrence, figure pour lui la chaîne de l’esclave antique et la glèbe du serf du moyen-âge. La dure loi qui suspend l’existence de l’ouvrier à la tyrannie du capital, faisant avorter en lui ces facultés physiques, morales et intellectuelles qui constituent l’homme de notre époque, il résulte que l'ouvrier est blessé dans ses instincts, comme l'étaient jadis l'esclave et le serf.

Que conclure de ces considérations ? Que pour écrire véritablement l’Histoire de la classe ouvrière, il est de nécessité de remonter à l'esclavage antique ; d’en caractériser nettement l’origine et d'en suivre l’affaiblissement successif jusqu’à nos jours. Là, est le berceau, la souche des classes laborieuses ; car l’esclave n'est autre qu’un ouvrier moins libre que ceux de notre époque.

Par là, il est vrai, nous pourrons bien assister à des détails douloureux, nous heurter avec dégoût à ces phases de dégradation où la majorité du genre humain était presque une chose inerte et passive ; mais aussi, et à mesure que nous descendrons les temps, cette force universelle que nous appelons le progrès, se dégagera de plus en plus à nos yeux, et nous concevrons la ferme espérance de l’extirpation radicale de l’inégalité.

Mais ici se présente une question : l’Histoire de la classe ouvrière, considérée dans l’antiquité, doit-elle embrasser dans son plan, Cette classe d’hommes qui, sans être esclaves, pratiquaient néanmoins l'agriculture et l’industrie, et formaient ce que l'on appelait autrefois le peuple ? Nous ne le pensons pas et voici pourquoi : Qu'entend-on aujourd’hui par un ouvrier ? Un homme travailleur qui,