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De la classe ouvrière

à l'analyse ; car l’esclavage est contemporain des époques les plus antérieures. Est-ce à dire que l’esclavage doive être considéré comme un fait essentiellement inhérent à l’humanité ? coexiste-t-il, comme le prétendent quelques historiens égarés par leurs préjugés, avec l'apparition de l'humaniie sur la terre ? Pour combattre victorieusement une opinion aussi impie, il suffit, ce nous semble, d’invoquer la conscience humaine ; jamais cette conscience n’admettra, comme condition absolue pour l’humanité, la violatiun la plus flagrante de cette humanité. Mais, nous le savons, en pareil cas, la conscience ne forme pas un principe de certitude assez solide ; d’un autre côté, si nous consultons les philosophes les plus élevés de l’antiquité, tels que Platon et Aristote, par exemple, tous s’accordent à voir dans l’esclavage un phénomène naturel, ou du moins un de ces faits qui naissent avec les choses elles-mêmes. C'est ainsi qu'Euripide met ce principe dans la bouche d'Iphigénie, « que la nature avait destinés les Grecs à être libres et les barbares a être esclaves[1]».

Le philosophe Aristote, expliquant et développant cette pensée du poête, s’exprime ainsi : Il est évident, dit-il, que parmi les hommes, les uns sont naturellement libres et les autre naturellement esclaves, et que pour ces derniers l’esclavage est aussi utile qu'il est juste…

«Quand on est inférieur à ses semblables, autant que le corps l’est à l'âme, la brute à l’homme, et c’est la condition de tous ceux chez qui l'emploi des forces corporelles est le meilleur parti à espérer de leur être, on est esclave par nature. Pour ces hommes-là, ainsi que pour les autres

  1. Iphigénie en Aulide, vers 1,400.