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Histoire

Ce sont eux qui entretiennent, agrandissent l’agriculture et l’industrie, et rendent raison, non-seulement des castes prïvilégiées, mais encore du peuple lui-même, qui ne peut jouir de son droit de cité qu’en abandonnant le champ ou l’atelier.

L’esclavage se manifeste chez tous les peuples de l’antiquité. Sortant d’abord des grands peuples asiatiques, tels que l’Inde, l’Assyrie, la Perse, l’Egypte, il se continue sous des formes différentes en Grèce, à Rome, chez les Gaulois et les Germains, Partout nous rencontrons cette anomalie révoltante d’un nombre immense d’hommes, devenus la propriété d’un petit nombre.

Pour se convaincre de ce fait, acquis d’ailleurs à la certitude historique, il suffira de rappeler ici les diverses dénominations par lesquelles chacun des peuples anciens désignait ses propres esclaves. Le Peneste des Théssaliens, le Clorote de l'île de Crète, le Gymnite d’Argos, l’Ilote de Lacédémone, le Servus des Romains, l'Ambacht des Gaulois et le Lit des Germain ne sont que des appellations différentes d’une seule et même chose. Tous ces noms, tirés la plupart des mœurs ou des circonstances locales, servent à désigner un genre d’hommes qui n’existant pas par eux-mêmes, ne travaillent, ne vivent qu’au profit d’un maître, d’un propriétaire, et que dans notre langue nous appelons esclaves.

Étant démontré que l’esclavage apparaît chez tous les peuples anciens, deux questions surgissent d’elles-mêmes :

Quand et comment l’esclavage, que la tradition la plus reculée nous présente comme un fait universel, s’est-il introduit dans le monde ? De ces deux questions, la première n'est pas susceptible de solution ; elle échappe complètement