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de la classe ouvrière.


la guerre, ni la misère, ni la famille, mais bien la propriété individuelle.

La propriété individuelle une fois consacrée, et l’esclavage marchant naturellement à sa suite, l’ordre social qui en découla dut porter le caractère du principe qui l’avait produit, Lois, mœurs, industrie, religion, tout dut se ressentir de la déviation où l’humanité était entrée, Ainsi, d’un côté, les propriétaires, les hommes de sensation durent sentir se développer en eux tous ces vices dégradants, tous ces raffinements de débauche et de barbarie qui sont en quelque sorte les fruits du despotisme. Tels sont les traits, en effet, qui caractérisent les castes antiques. C’est là que la dépravation, l’immoralité la plus dégoutante prend racine et se déploie avec intensité. D’un autre, ceux qui ont perdu le litre d’homme, les esclaves s’acheminent par une autre voie vers la détérioration de leur espèce. Ne possédant plus que la moitié de leur âme, comme dirait Homère, ils semblent ne plus se souvenir de leur origine. L’esclavage et ses conséquences se colorent à leurs yeux de je ne sais quelle légitimité. Ils l’acceptent longtemps comme un fait normal et régulier.

Par là s’explique tout l’ancien ordre social qui répugne tant aujourd’hui à nos cœurs. Nous comprenons alors ces lois atroces, ces mœurs cruelles et honteuses et ce sommeil stupide de tant d’intelligences.

Armés de cette lumière, nous pouvons désormais étudier l’esclave sous un point de vue nouveau. Ne craignons pas de soulever les toiles qui cachent cette honte de l’humanité, car quelque soi ! le spectacle qui doive se dérouler devant nous, il en jaillira toujours cet enseignement fécond et pré-