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histoire


Comme on le voit, la guerre, la misère, la famille, ont bien pu être des moyens par lesquels l’esclavage s'est alimenté et développé, mais ils n'en constituent nullement l’origine, La guerre, la misère et la famille ont été, si l’on veut les causes occasionnelles de l’esclavage ; c'est par la qu’il s’est agrandi, fortifié, et surtout qu’il a acquis, en quelque sorte, un caractère de légalité au point de le faire apparaître, à une certaine époque, comme une institution juste et nécessaire. Ainsi, le vainqueur a pu croire n'user que de son droit, voire même être clément, généreux, en gardant la vie sauve au vaincu qu’il reléguait néanmoins, du même coup, au rang des animaux ; le riche a pu croire n’obéir qu’à la justice on achetant celui que la faim jetait dans l’esclavage ; le père de famille, à son tour, seul propriétaire, a pu ne voir qu’un droit naturel dans le droit absolu qu’il s'est arrogé sur sa femme et sur ses enfants : mais le germe, l’origine de tout cela s'était posé du jour où l’humanité, sortant de la loi d’association, de solidarité qui la caractérise, avait érigé la propriété individuelle en droit légitime et saint : et ce qui rend pour nous cette proposition souverainement vraie, c’est qu’à notre époque, ce qui reste d'esclavage est encore entretenu par le même principe. Qu'est-ce qui engendre, en effet, la misère des travailleurs ? L’absence de l’association, la concurrence, la guerre des intérêts, source du monopole, de l’accaparement et de la concentration des produits industriels dans quelques mains. Or, pourquoi cela est-il ainsi ? si ce n’est que la propriété est exclusivement individuelle, que les uns possèdent indépendamment des autres, d’où résultent nécessairement ce que l'on appelle d’un côté la bourgeoisie, et de l'autre le prolétariat. Donc, encore une fois, l'origine de l’esclavage ni