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de la classe ouvrière


2o l’instrument semi-vocal, ou les animaux ; 3o l’instrument muet, ou les choses inanimées.

L’esclave, donc, se confondant dans l’esprit des maîtres, avec les agents les plus passifs de la production, il en résulta une immense déconsidération pour le travail matériel Chacun chercha, dès-lors, à s’y dérober par un moyen quelconque. Telle est, selon nous, entre plusieurs autres, la cause principale qui a toujours empêché les aristocraties de se livrer aux travaux industriels. Elles auraient craint, par là, d’imiter la race avilie de ces esclaves qui n’existaient que pour le travail et par le travail.

Il est révoltant jusqu’à quel point ce mépris du travail apparut dans les castes antiques. L’homme libre que les circonstances faisaient descendre à une œuvre industrielle ? se tenait pour déshonoré. Chose douloureuse à dire ! aux yeux des Crétois et des Etoliens, le brigandage était moins flétrissant qu’un travail quel qu’il fut. Et il ne faudrait pas croire que cette idée d’abaissement, attachée au travail, ne fût qu’un préjugé chez les anciens ; car les économistes, les philosophes eux-mêmes l’érigeaient en principe social ; Platon, Xénophon, Aristote, Cicéron, témoignent surabondamment de ce fait. Ce dernier, enveloppant dans un même dédain toutes les professions laborieuses, qu’il déclare indignes d’un homme libre, ne permet le commerce qu’à deux conditions : c’est d’abord que ce commerce produise d’immenses bénéfices, et de le transformer aussitôt en propriétés immobilières[1]. Aussi, et c’est là une bien grande preuve de l’opinion que nous soutenons ici, à Àthènes, comme à Rome, les industriels,

  1. Les Devoirs, 1, 42