Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
3

remarquer, ce texte ne peut être postérieur à 1070[1]. Pour ma part, je serais tenté d’en placer la rédaction antérieurement à 1047. Nous savons en effet que le comte de Namur donna cette année là au chapitre de Saint-Aubain la chapelle de Saint-Menge[2] ; or notre texte met encore très nettement cette chapelle au nombre des propriétés comtales. En tous cas, la date de 1047 serait pour notre document un terme extrême. Il est impossible de lui supposer une origine beaucoup plus ancienne. Il nous montre en effet la ville arrivée à un degré de développement économique que l’on peut difficilement croire antérieur au XIe siècle. Il cite en outre le camerarius du comte de Namur et il me parait peu probable que celui-ci ait eu un tel officier, revêtu de fonctions publiques, avant cette époque.

Ce que notre document nous permet tout d’abord d’appercevoir, c’est la division de Dinant entre deux seigneurs : le comte de Namur d’une part, l’évêque de Liège de l’autre. C’est même probablement à l’occasion de conflits de juridiction entre eux qu’il a été rédigé. Bien qu’il se borne mentionner l’advocatus et la familia de l’évêque, le texte laisse cependant voir indirectement en quoi consistaient les domaines de ce dernier. La liste des églises du comte ne contenant en effet ni celle de Sainte-Marie, ni celle de Saint-Vincent, on peut en conclure que ce sont précisément celles-ci, de loin les plus importantes de la ville, qui, avec leurs terres et leurs hommes, appartenaient à l’évêque. C’est donc seulement à la partie de Dinant qu’elles occupaient et non à toute la ville que se rapportent deux diplômes impériaux, l’un de 985[3], l’autre de 1006[4],

  1. Wauters, ibid. p. 289. L’évêque de Liège obtint en effet en 1070 par un diplôme impérial (v. plus loin) les droits que le texte attribue au comte. M. Wauters donne, Origine etc., p. 269 sqq., une traduction de notre texte.
  2. V. Neues Archiv., VIII, p. 591 : fundatio ecclesiae Sancti Albani Namucensis.
  3. Chapeaville, Gesta pontificum Leodiensium, I, p. 215. Bormans, Edits et ordonnances de la principauté de Liège, I, p. 2.
  4. Chapeaville, p. 212. Bormans, ibid. p. 4. Les propriétés de l’église de