Aller au contenu

Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5

n’est pas à dire cependant, que tout cela n’ait pas existé pour une partie de la population. Les hommes établis dans les avouries comtales sont qualifiés en effet de familia[1] : c’étaient sans doute des censuales soumis à une condition juridique particulière, mais sur laquelle nous n’avons malheureusement aucun renseignement. En dehors de là, les habitants du territoire comtal étaient libres[2]. Ils ne l’étaient pas tous d’ailleurs originairement. Plusieurs d’entre eux avaient acquis la liberté en venant s’établir dans la ville. Notre texte nous apprend en effet que les nouveaux arrivants, quelle qu’eût été leur condition juridique antérieure, n’avaient plus à répondre, dès leur établissement à Dinant, à nul autre pouvoir qu’à celui du comte[3].

Le territoire de Dinant au XIe siècle constituait une centène. Les habitants en étaient tenus, à part naturellement ceux des terres de l’évêque soustraits à la juridiction du comte,

  1. … si fuerit de ipsius advocatia vel familia.
  2. Je n’entends pas dire par là qu’ils étaient libres au sens franc du mot, qu’ils constituaient l’altfreie Gemeinde de la théorie d’Arnold (v. Verfassungsgeschichte der deutschen Freistädte 1854). Tout ce qu’on peut dire c’est qu’ils étaient libres (personnellement) en ce sens qu’ils n’appartenaient pas à une familia. Waitz, Verfassungsgeschichte, V, p. 377, n. 1, pour prouver l’existence d’une population libre dans certaines villes et la continuation de l’administration publique, se sert précisément de l’exemple de Dinant.
  3. Quicumque extraneus in ville voluerit transire coloniam et ibi morari voluerit, cujuscunque antea fuerit, ad comitem pertinebit ; ministeriali suo de omni forisfacto respondebit, nisi forte fuerit Sancte Marie aut Sancti Lamberti, aut Sancti Hugberti. Cette exception s’applique aux hommes de la familia de l’évêque, (l’église de Liège s’appelait en effet ecclesia Sancte Marie et Sancti Lamberti), et à ceux de la familia du monastère de Saint-Hubert. M. Bormans, Cartulaire, I, p. 6, n. 1, pense que le Sancte Marie s’applique aux hommes de la familia de Sainte Marie de Dinant, mais cela est impossible car ceux-ci habitaient in villa. À propos de l’immigration dans les villes, v. Below dit fort bien : In den Orten, welche sich zu Städten entwickelten, wurden überdies die vorhandenen freien Elemente noch durch die Einwanderung bedeutend vermehrt. Die Entstehung der deutschen Stadtgemeinde, 1889, p. 20.