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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/14

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à assister annuellement aux trois plaids généraux (tria per annum centenarie complacita)[1]. Toutefois, la centène de Dinant au XIe siècle n’avait plus guère que le nom de commun avec l’ancienne centène de l’époque franque. Son étendue était fort restreinte. Bornée à l’Ouest par la Meuse, au Sud par la centène d’Anseremme, au Nord et à l’Est par les territoires namurois qui constituèrent plus tard la prévôté de Poilvache, elle ne comprenait que la villa et les terres environnantes [2]. Elle coïncidait, selon toute apparence, avec la paroisse de Dinant. Les terres dont elle se composait étaient, soit des terrains communaux (wariscapia)[3], soit des courtils dont on peut voir, par les actes échevinaux du XIIIe siècle, qu’ils appartenaient aux habitants de la ville. Sans vouloir affirmer que la centène de Dinant au XIe siècle provienne d’une marche, on peut donc supposer au moins, que la circonscription juridique y coïncidait alors avec une circonscription agraire[4].

Il importe d’ailleurs de faire remarquer ici que l’on ne trouve au XIe siècle aucune intervention des habitants dans l’administration. Les terrains communaux sont placés en termes formels sous la surveillance du comte : ad suam justiciam

  1. Omnis villa communiter debet tria per annum centenarie complacita
  2. La centéne d’Anseremme est mentionné au XIe siècle dans la Chronique de St. Hubert, § 25. Quant aux autres limites de la centène de Dinant, j’ai cru pouvoir les indiquer en prenant celles du ressort des échevins de la ville au XIIe siècle. À partir du XIIIe siècle, la banlieue de Dinant s’est étendue, comme on le verra plus loin, sur la rive gauche (namuroise) de la Meuse. Mais ce n’a été que par une usurpation.
  3. Quelle qu’ait été à l’origine la signification du mot warescapium, il désignait certainement à notre époque des communia. C’est ce mot qu’on retrouve dans les noms des villages namurois : Waret, Warisoul etc. Les warescapia extra aquam et in aqua dont parle notre texte correspondent aux pascua communia in sicco vel in humido, des statuts synodaux de l’évêque Jean de Flandre (Édits et ordonnances de la principauté de Liège, 1, p. 109, § 21). À partir du XIIIe siècle, les terrains communaux dans les villes liégeoises, s’appellent toujours : Werixhas. Sur ce mot v Kurth, Glossaire toponymique de la commune de Saint Léger, p. 17.
  4. Lamprecht, Deutsches Wirthschaftsleben im Mittelalter, I, p. 255 sqq.