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possèdent plus que deux et après cette date ils disparaissent complètement. Désormais, l’échevinage est tout entier aux mains des bourgeois. Il n’a été besoin pour en arriver là ni de révoltes de la part de la ville, ni de concession formelle de la part de l’évêque. La victoire de la bourgeoisie n’a été que le résultat fatal de sa prépondérance économique sur les vieux ministeriales. Les nouveaux échevins recrutés parmi elle : les Male-Racine, les du For, les de l’Isle, les de Saint-Vincent, les Waudrecheez etc. appartiennent tous à la classe la plus riche des habitants. Les actes échevinaux nous les montrent possédant dans la ville et la banlieue des vignes, des courtils, des maisons, des rentes foncières. Et en même temps, nous les voyons, comme les échevins de Gand ou de Liège à la même époque, faire le commerce en Angleterre[1]. Ces grands bourgeois correspondent ainsi complètement aux viri hereditarii des villes flamandes. Comme eux, ils sont à la fois propriétaires fonciers et marchands, comme eux, ils sont les représentants de la force nouvelle et toute puissante du capital et, par une conséquence nécessaire, ils ont obtenu comme eux, de leur ascendant économique, leur prépondérance politique, leur droit exclusif à fournir les membres de l’échevinage[2].


    Diaconi, Roberti de Foro. — Werricus et Arnulphus étaient donc à la fois monétaires et échevins. On ne peut douter en présence de cet exemple de la continuité de l’état de choses constaté au XIe siècle. Robertus de Foro, monétaire appartient sans doute à la famille du même nom qui a fourni plus tard au XIIIe siècle des échevins à Dinant. Mais à cette époque le nom de monétaire a disparu. Il est intéressant de constater aussi dans cet acte que les monétaires sont les assesseurs du villicus stallorum. — Je dois cet acte si curieux à mon ami M. L. Lahaye, archiviste de l’État à Namur.

  1. V. §IV.
  2. Andernach fournit un rapprochement instructif. En 1171 l’archevêque de Cologne décida que les échevins y seraient pris : ex prudentioribus, melioribus et potentioribus civium, ajoutant que celui qui serait in paupertatem redactus minime hoc officium explere valeret. Hoeniger, Ursprung der Kölner Stadtverfassung. Westdeutsche Zeitschrift, 1883, heft 2. Cf. pour l’évolution en général : Lamprecht, Stadtherschaft u. Bürgerthum zur deutschen Kaiserzeit dans Shizzen zur Rheinischen Geschichte, 1887.