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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/29

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Comme les échevins et par les mêmes raisons, le maire épiscopal, le villicus, est pris également, à partir du XIIIe siècle, parmi les bourgeois. Il a cessé aussi d’être un ministerialis.

Malgré la transformation profonde subie par l’échevinage de Dinant, sa situation, vis à vis de l’évêque, est restée, à travers tout le moyen-âge, ce qu’elle était au XIe siècle. À Dinant comme à Liège, comme à Huy, comme dans toutes les villes du groupe liégeois, les échevins n’ont jamais cessé de former un tribunal seigneurial. S’ils sont des juges urbains, en ce sens qu’ils sont recrutés exclusivement et nécessairement dans la bourgeoisie, dont ils constituent la juridiction privilégiée, ils n’en restent pas moins cependant des fonctionnaires du prince qui les nomme et auquel ils prêtent serment. C’est là une des différences essentielles qui distinguent les villes liégeoises des villes flamandes. Dans ces dernières, la bourgeoisie intervint de bonne terre dans la nomination des échevins qui prirent ainsi le caractère d’une magistrature communale[1]. Sur les bords de la Meuse, il n’en a jamais été de même. Ici, justice seigneuriale et échevinage ont toujours eu une signification identique. L’autonomie urbaine n’a pas, comme en Flandre, trouvé son expression dans les échevins, mais dans les jurés.

L’échevinage de Dinant, comme celui de toutes les autres bonnes villes de la principauté de Liège, se composa toujours

  1. À vrai dire l’échevinage flamand n’était pas purement communal. Seulement le caractère communal l’emportait de loin chez lui sur le caractère seigneurial. Dès le XIIe s. les échevins de Gand forment le conseil de la ville, v. Keure de 1192, Warnkoenig, t. II, P. J. I, p. 14. Dans toutes les villes flamandes la bourgeoisie intervenait plus ou moins activement dans la nomination des échevins, v. p. ex. Biervliet 1224 ibid. 3, p. 212. À Gand, depuis la constitution des XXXIX en 1228, les échevins se recrutaient par cooption, donc en dehors de toute influence du comte. Dans le pays de Liège ce n’est qu’à St Trond, qui présente beaucoup plus d’analogie avec les villes brabançonnes qu’avec les villes liégeoises, que l’on constate une intervention de la bourgeoisie dans la formation de l’échevinage. V. Édits de la principauté de Liège, I, 153.