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toutes les cours de hauteur de la principauté avaient à prendre rencharge[1]. En 1299, l’évêque en conflit avec la cité, obtient du roi des Romains des diplômes qui affranchissaient Huy et Dinant de cette obligation[2]. Si cet état de choses avait duré, ces deux villes eussent pu développer, comme les villes flamandes, des coutumes particulières. Mais cette rupture des traditions échoua. Ni Huy, ni Dinant ne se séparèrent de leur chef : le Pawilhar (registre des échevins de Liège) montre que, dès le début du XIVe siècle, elles avaient repris l’habitude de se conseiller à Liège.

Le rôle des échevins de Dinant, jusqu’à la fin du XIVe siècle, ne se borna pas à leurs fonctions judiciaires. Si d’une part, ils étaient des juges épiscopaux, de l’autre, ils se recrutaient parmi les familles les plus influentes de la bourgeoisie et, à ce titre, on les voit prendre part de bonne heure à l’administration de la ville. Jusqu’en 1348 ils firent régulièrement partie du conseil. Toutefois, ce n’est pas d’eux que provient celui-ci, mais d’une magistrature de formation beaucoup plus récente et essentiellement communale : des jurés.

À l’apparition des jurés remonte, dans les villes liégeoises, l’origine des constitutions urbaines autonomes. Comme en Flandre, les évènements politiques y ont singulièrement favorisé les tendances nouvelles de la bourgeoisie. De même que Bruges, Lille, Ypres, St-Omer profitèrent de l’anarchie qui suivit le meurtre de Charles le Bon (1127) pour obtenir d’importants privilèges[3], de même Liège, Huy et Dinant, après l’assassinat de l’évêque Albert de Louvain (1192 Novembre 23), surent se servir des circonstances favorables que leur fournit la longue lutte entre les deux prétendants :

  1. L’échevinage de Liège, dit Hemricourt, excede tos les aultres chief d’Allemagne tant en noblesse comme en puissanche,… car par ledit chief sont doctrineis plus de trois mil cours de hauteurs sans les cours jurees et les aultres basses cours, dont il n’est point de nombre.
  2. Cartulaire I, n. 28, cf. p. 22. n. 1.
  3. Galbert ; Vita Karoli boni. Mon. Germ. Hist. Script. XII, cf. Giry : Histoire de Saint-Omer p. 45 sqq..