Simon de Limbourg et Albert de Cuyck[1]. Ce dernier (1193-1200) fut pour les villes liégeoises ce que Thierry d’Alsace a été pour les villes flamandes. Les avantages qu’il accorda aux bourgeoisies lui attirèrent la haine du clergé[2]. C’est à lui qu’est due la charte de Liège, ratifiée en 1208 par Philippe de Souabe[3] et il est fort probable que, dès son règne, il en étendit les stipulations essentielles à Huy, à Dinant, à Tongres et à Ciney[4].
La charte d’Albert est, en quelque sorte, la consécration de la condition juridique acquise par les bourgeoisies liégeoises à la fin du XIIe siècle. Elle exempte les cives de la taille et du service militaire, sauf dans le cas d’attaque de l’évêché ; elle restreint la juridiction synodale aux cas particulièrement réservés au for ecclésiastique ; l’échevinage est reconnu comme le seul tribunal devant lequel puissent être régulièrement cités les bourgeois ; le jugement de Dieu et le duel judiciaire sont abolis.
Il n’existe malheureusement, dans ce texte, aucun article relatif aux magistratures urbaines. Les échevins seuls y sont mentionnés. Mais nous savons par ailleurs que, dès cette époque, ils n’étaient plus, à Dinant au moins, les seuls fonctionnaires de la ville. Dès 1196 apparaissent à côté d’eux les jurati[5].
- ↑ Aegidius aureae vallis, Mon. Germ. Hist. Script. XXV, p. 113, sqq..
- ↑ En 1198 l’évêque soutint les bourgeois contre le clergé. Aeg. Aur. Vall. d’après Reinerus ibid. p. 116. On lui fit cette épitaphe :
Hoc in sarcophago cunctorum dira vorago.
Clauditur Albertus, Giezi dum vixit, apertus. - ↑ Édits et ordonnances de la principauté de Liège I. p. 29. Le roi ratifie : consuetudines, libertates et jura universa que pie memorie Albertus, Leodiensis episcopus, ipsis civibus contulit. Pour l’attitude de Philippe vis-à-vis des villes, v. Nitsch, Gesch. des deutschen Volkes III, p. 28.
- ↑ C’est du moins ce qu’on peut conclure des termes suivants d’une charte de Ciney de 1321 “ messire Aubiers, jadis éveske de Liege… donat à ladite vilhe teil franchise comme avoient les autres franches vilhes dele eglise de Liege, assavoir sunt Huy, Dinant et Tongres. ” Borgnet, Cartulaire de Ciney, n. 1.
- ↑ Cartulaire I, n. 7. C’est la plus ancienne mention de jurati dans le