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III.

Pas plus à Dinant que dans les autres villes du moyen-âge, la bourgeoisie ne formait une classe de personnes jouissant toutes des mêmes droits. Aux différences sociales répondaient des différences politiques ; entre les riches et les pauvres, il y avait d’autres inégalités que celle de la fortune. On a vu que, dès le commencement du XIIIe siècle, les échevins étaient recrutés exclusivement parmi la haute bourgeoisie et il semble en avoir été de même des jurés[1]. Les seuls capitalistes jouissaient donc des droits politiques : leur ascendant économique en faisait des cives optimo jure. Aussi, voit-on, dès le milieu du XIIIe siècle, se restreindre à Dinant la signification du mot bourgeois[2]. On n’entend plus désormais par là qu’exceptionnellement la population urbaine tout entière : au sens propre, les expressions de bourgeois ou de bourgeois d’enmi la ville

  1. Quelques noms de jurés que l’on connait pour le XIIIe siècle indiquent que ces magistrats étaient pris en grande partie dans les familles échevinales, Cela n’a rien d’incompatible avec leur caractère communal. Le régime patricien dans les villes n’est pas primitif : ce n’est qu’au XIIIe s. que les magistratures deviennent aristocratiques : v. à Gand le remplacement des anciens échevins par les XXXIX et à Cologne la formation de la Richerzeche, Kruze : Savigni Zeitschrift, Germ Abth. IX, p. 152 sqq. Le fait qu’à partir de cette même époque échevins et jurés ont été recrutés exclusivement à Dinant dans le patriciat, a naturellement contribué à affaiblir beaucoup la distinction originelle entre ces deux espèces de magistrats.
  2. Le premier exemple est de 1255 Cartulaire I, n. 16 : li borgois sens les batours — les borgois et les batoirs. — En 1223 burgenses est encore employé dans le sens général, ibid. n. 12.