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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/45

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mais des burgenses. Il faut croire qu’ils ont formé spontanément leur métier par la libre association, sans participation seigneuriale.

C’est en tous cas avec ce caractère qu’ils apparaissent en 1255. On les voit former alors une fraternité, dont après sa victoire, le prince reconnut l’existence, en la soumettant toutefois au contrôle de ses officiers.

Il dût se passer à Dinant, en 1255, quelque chose d’analogue à la fameuse émeute d’Ypres en 1281, restée célèbre sous le nom de Cokerulle. L’ordonnance du comte de Flandre à ce sujet peut servir à éclairer, par rapprochement, ce que nous savons des évènements de notre ville. L’identité de la situation a, des deux côtés, amené les mêmes conflits. Le puissant métier des drapiers se soulève à Ypres contre les poorters, comme le puissant métier des batteurs se soulève à Dinant contre les bourgeois[1]. Ce sont les règlements oppressifs imposés par les marchands d’Ypres aux drapiers qui ont fait éclater la Cokerulle : on peut donc supposer qu’à Dinant les artisans cherchaient aussi, en 1255, à se défendre contre l’exploitation économique de la bourgeoisie[2]. L’insurrection des drapiers Yprois comme celle des batteurs Dinantais s’est manifestée de la même manière par la confédération jurée. La sentence épiscopale de 1255 déclare que les batteurs « ne devront avoir cloche, ne saiel, ne commungne, ne aloiances, ne oienches[3] » ; celle du comte de Flandre abolit de son côté « toutes conspirations, toutes aloiances et tout acompaignement, comment con les apiat, ki sunt faites sans congiet de sengneur[4] ». En

  1. Huy offre aussi un rapprochement intéressant. En 1299 les tisserands, la principale corporation industrielle de la ville, y sont à la tête du mouvement démocratique. Joannes Presbyter, dans Chapeaville t.  II, p. 334.
  2. À Huy la situation est la même : les tisserands se soulèvent contre les conservatores drapariae.
  3. Cartulaire I, n. 15.
  4. Warnkoenig-Gheldolf, Histoire de Flandre, t.  V, p. 381 sqq.
    D’après von Below, op. cit. c’est cette obligation, le Zunftzwang, qui est la raison même de la formation des métiers.