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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/51

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Un siècle sépare cette date de celle où nous avons vu, pour la première fois, les batteurs représenter dans la ville l’élément démocratique en face de la bourgeoisie. Un troisième groupe, un troisième parti, si l’on veut, apparait maintenant : celui des communs métiers ou des gens de desous le moustier. Le préambule de la charte de 1348 nous renseigne sur les relations de ces trois groupes entre eux : il nous montre les deux premiers faisant cause commune contre le troisième[1]. Ainsi, au milieu du xive siècle, les batteurs, incomparablement plus nombreux et plus riches que le reste des artisans, se sont séparés de ceux-ci[2]. Ils ont d’autres intérêts, une autre politique. Le rôle que jouent à Gand et à Bruges les tisserands vis à vis des autres métiers, les batteurs le jouent à Dinant. On peut juger de ce que devait être, au xive siècle, leur exclusivisme quand on lit les plaintes des neuf métiers contre eux en 1461, c’est à dire à une époque où, depuis cent ans, l’administration tripartite de la ville était en usage. Il sont accusés en effet de ne pas vouloir permettre que la ville se rassemble sans le consentement préalable de leurs mayeurs et douze et de s’opposer à l’acceptation des comptes qu’ils refusent d’approuver[3].

La division entre les batteurs et les petits métiers a naturellement été avantageuse pour les bourgeois. Depuis le

    elle. Un des résultats de leur victoire fut notre charte dinantaire, v. p. 46, n. 2 St Trond obtint la même année la libre élection des échevins. Piot, Cartul. I, n. 378.

  1. …comme pluisseurs debas et discors ayent esté en nostre ville de Dynant entre les bourgeois d’enmy le ville et les batteurs d’une part, et chiaux des commun mestier, c’on dist de desos le mostiers de nostre ville de D. del aultre part…
  2. Au xiiie siècle au contraire, les petits métiers doivent les avoir secondé dans leur révolte, comme on le constate à Bruges, Annales Gandenses ad. a. 1302 et à Huy en 1299, Joan. Presb. dans Chapeaville t. II, p. 334. Il est intéressant de constater qu’en Flandre, au xive siècle, la situation est absolument analogue à celle de Dinant : les tisserands y forment un parti distinct, ennemi des autres métiers.
  3. Cartulaire t. II, n. 90.