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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/52

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xive siècle, ils n’ont pas cessé en effet, de s’appuyer sur les premiers, pour résister aux autres. Représentants de l’élément conservateur par excellence, propriétaires et capitalistes, on comprend aisément leur alliance avec la puissante corporation industrielle d’où dépendait la prospérité de la ville. Le métier des batteurs au xive siècle ne comprenait pas d’ailleurs seulement des artisans : plusieurs grands marchands en faisaient partie, dont les intérêts étaient évidemment identiques à ceux de la vieille bourgeoisie.

Entre les trois parties des bourgeois, des batteurs et des neuf métiers, la constitution de 1348 établit un équilibre qui se maintint pendant des siècles. À la domination violente et alternative, au gré des émeutes, d’un parti sur l’autre, elle substitua l’égale intervention de chacun au gouvernement[1]. Le conseil de la ville se composa désormais de trente jurés élus annuellement et dont neuf étaient pris parmi les bourgeois, neuf parmi les batteurs et douze parmi les communs métiers. Les trente jurés ainsi élus choisissaient les deux maîtres de la ville : le premier parmi les bourgeois, le

  1. On ne connaît presque rien sur les mouvements démocratiques qui ont agité Dinant avant 1348. Jean d’Outremeuse VI, 608 raconte avec beaucoup de détails, certainement fabuleux, une émeute qui y aurait eu lieu en 1338. Le réglement de 1348 fut donné à la ville à la suite de luttes sanglantes entre les métiers et les patriciens. Radulphus de Rivo § 2, dans Chapeaville t. II. Le préambule de la charte de St Trond de 1366 est significatif sur l’instabilité des institutions urbaines lors de la révolution démocratique : Attendentes igitur opidum nostrum Sancti Trudonis propter sui regiminis nimiam diversitatem, multociens non modicos terrores, penurias et dampna sustulisse, opidanosque opidi nostri predicti controversias, rancores et discordias inter se, regiminis occasione predicti ex quibus notabilia mala faciliter oriri poterant, pluries habuisse, et idcirco premissis, prout tenemur ex debito, volentes obviare periculis, nedum ad supplicationem dictorum opidanorum nostrorum, verum etiam ceterarum nostri episcopii memorati bonarum villarum… concessimus. Cartul. de Saint-Trond I p. 601. Le préambule de la charte dinantaise de 1348 dit aussi que les debas et discors entre les bourgeois avaient eu pour cause ung gouvernement dont on avoit uzés puy pols de temps en ladite ville.