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Page:Histoire de la participation de la France à l'établissement des États-Unis d'Amérique.djvu/21

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et ailleurs d’autres de ces politiques étrangers aux considérations qu’à défaut de la gratitude les conséquences naturelles d’une alliance commandent. Ils ne donneront pas au roi et à ses conseillers la seule déception de les voir manquer de foi, mais celle encore de les entendre s’en vanter, et nous assistons à des efforts répétés de leurs descendants pour leur en faire plus qu’un mérite, une gloire[1]. À notre insu, au mépris des stipulations essentielles et réitérées du traité, ils négocieront la paix avec l’Angleterre ; ils la signeront sans nous prévenir, ne se souciant ni de nos engagements avec les puissances que nous avions tournées contre elle, ni de l’épuisement où ils nous laisseraient, devant elle, nous et ces puissances compromises pour eux. Les inspirations de l’égoïsme dans les rapports des peuples semblent dictées par une loi fatale qu’il faut graver au frontispice de chaque nation nouvelle.

Les sympathies du commencement n’ont pas cessé en France pour les États-Unis, et cette conduite est oubliée. Le gouvernement du roi l’oublia lui-même, si blessé qu’il en fût. Elle ne se déroule pas dans ce troisième volume, nous anticiperions à nous y arrêter. Seulement, il y a en Amérique une école d’historiens passionnés à la justifier : il faut au moins dire ici qu’opposer à ses assertions les choses telles qu’elles furent est devenu nécessaire. M. Bancroft a donné les thèmes sur lesquels travaille cette école, poussée par le vieux sentiment anglais du pays et qu’a particulièrement favorisée la politique dominante à de certains moments. Elle cherche à ériger en grands hommes ceux qui nous ont trompés. Ce n’est peut-être qu’un procédé de descendants ou de

  1. Un fascicule publié à propos de la célébration du centenaire de Yorktown par un descendant de Jay, The peace negociations of 1782 and 1783, by John Jay, late American minister to Vienna, est à cet égard une sorte de manifeste de parti. Il a été imprimé en 1884 pour la Société historique de New-York.