Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/27

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vous le dit messire Simon. Lors il regarda la duchesse avec un air irrité, et il lui défendit de lui parler davantage de cela. Il y eut de vives contestations dans le palais d’Aigremont ; car les uns disaient que la duchesse conseillait bien, les autres mal. Le duc dit alors à ceux qui lui conseillaient de ne pas obéir au roi, qu’il leur en saurait bon gré, et que tant qu’il vivrait il ne lui obéirait point ; au contraire qu’il trouverait des amis pour lui faire la guerre. Les messagers du roi arrivèrent au château d’Aigremont, qui est situé sur un rocher ; il était flanqué de grosses tours, tellement par sa situation et sa force, il était imprenable, excepté par famine. Lohier dit aux seigneurs qui étaient avec lui : Considérez cette forteresse et le fleuve qui passe aux pieds, je ne crois pas qu’il y ait sa pareille dans toute la chrétienté. Un chevalier nommé Savari, dit alors à Lohier : Sire, il me semble que le roi votre père fait une grande folie d’entreprendre de détruire le duc d’Aigremont, car il est très-puissant ; je crois qu’il aura bien autant de gens pour combattre que le roi votre père ; s’il venait l’attaquer, il faudrait qu’ils fussent de bon accord ; mais je sais bien que si le roi votre père le tenait, l’or du monde ne l’empêcherait pas de le faire pendre et écorcher tout vif. Je vous supplie de parler au duc de Beuves avec douceur, car il est orgueilleux ; il pourrait y avoir une difficulté entre vous et lui qui tomberait sur nous, nous sommes trop peu. Lohier répondit qu’il parlerait prudemment ; mais s’il nous dit quelque chose de désagréable, il en souffrira le premier. Ils arrivèrent à la porte du château d’Aigremont