Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/40

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dit, dont il tomba mort sur-le-champ. Quand Gérard vit périr ce chevalier, il réclama Dieu et la Vierge, en disant : Hélas ! j’ai perdu aujourd’hui de très-bons chevaliers ; le duc Beuves, de son côté, priait Dieu de vouloir bien le garantir de la mort et de tomber entre les mains du roi. Le soleil était prêt à se coucher, et les combattans de part et d’autre étaient fatigués ; les trois frères s’en retournèrent fort irrités dans leurs tentes, principalement Gérard, qui, cette journée, avait perdu son cher cousin Aymon et cent autres de sa compagnie ; il commença à dire : maudite l’heure où le fils du roi est mort ! Le duc de Beuves vint tout sanglant comme s’il eût été bien blessé. Quand Gérard le vit, il se mit à soupirer tendrement, lui disant : Beau frère, vous êtes blessé à mort ? non, dit-il, je serai bientôt guéri ; alors Gérard jura qu’au soleil levant il commencerait un si grand combat avec le roi, qu’il y périrait trente mille hommes. Ne le faites pas, dit le duc de Nanteuil ; mais si vous voulez me croire, nous enverrons au roi trente des plus sages chevaliers, nous lui demanderons trêve, lui promettant que notre frère le duc Beuves lui récompensera la mort de son fils. Vous savez que nous sommes ses sujets, que ce serait mal agir que de l’attaquer à main armée ; car s’il avait perdu tous ses gens, un mois après il en aurait deux fois autant, et nous ne pourrions longtems lui résister.

Ses frères lui répondirent qu’ils s’en rapporte raient à ses avis ; ils conclurent entr’eux d’y envoyer quand le jour serait venu ; ils firent faire une bonne garde, et firent ensuite préparer des messagers pour