Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/44

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bien garde, le duc d’Aigremont est d’une grande famille, vous pourriez bien le payer cher. Sire, répondit Ganelon, ne vous inquiétez point ; il n’y a personne assez hardi pour combattre contre ma famille et moi. Je vous promets de partir demain matin avec deux mille combattans, et nous vous vengerons. Le roi répéta que c’était trahison ; qu’importe, dit Ganelon, il a bien tué votre fils par trahison. Faites donc comme vous voudrez, pour moi je ne m’en mêle aucunement. Le lendemain matin, Ganelon et ses gens partirent de Paris avec quatre mille combattans ; ils arrêtèrent dans la vallée de Soissons ; ils rencontrèrent le duc Beuves et ses gens, quand Beuves le vit venir, il dit à ses gens : voici des courtisans. Je ne sais ce que ce peut être, continua-t-il, car le roi est vindicatif, et s’il a avec lui des traîtres, c’est surtout Foulques de Morillon. J’ai songé cette nuit qu’un Griffon venait d’en haut et perçait mon écu et mes armes, il me déchirait les entrailles, et pas un seul de mes hommes ne lui échappa. Un des chevaliers lui dit qu’il ne devait pas s’effrayer d’un pareil songe. Je ne sais, dit le duc, ce que Dieu me réserve, mais je suis dans une inquiétude extrême. Il commanda aussitôt à chacun de s’armer ; ce qui fut bientôt exécuté. Le comte Ganelon et Foulques de Morillon s’avancèrent à grands pas, et vinrent droit au duc Beuves, lui disant qu’il avait bien mal agi d’avoir tué Lohier, fils aîné du roi ; mais qu’il subirait la peine avant qu’il fût nuit. Quand le duc l’entendit, il commença à dire : Grand Dieu ! comme on doit se méfier des traîtres ! Je croyais que le roi n’était pas aussi mé-