Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/49

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rois, trente ducs et quarante comtes. Ils allèrent entendre la messe, revinrent au palais et se mirent à table, excepté le roi Salomon et le duc Godefroi qui servirent ce jour-là. Regnaut ne put manger à cause de l’outrage qu’il avait reçu et disait en lui-même : Hélas, je ne pourrai donc pas me venger de celui qui a fait mourir mon oncle si cruellement. Mais ses frères le remirent un peu. Après le dîner, les barons sortirent pour aller se divertir, et Berthelot, le neveu du roi, appela Regnaut pour jouer aux échecs, qui étaient d’ivoire et l’échiquier d’or massif ; ils jouèrent ensemble, et il s’éleva une dispute si vive entr’eux, que Berthelot insulta Regnaut et lui fit sang. Regnaut, se sentant blessé, jura qu’il s’en vengerait ; il prit aussitôt l’échiquier et en frappa si rudement Berthelot sur la tête, qu’il l’étendit mort à ses pieds. Alors il se fit un grand bruit dans le palais au sujet de Berthelot que Regnaut, fils Aymon, avait tué. Le roi s’écria aussitôt : Barons, prenez garde que Regnaut ne vous échappe, car, si je puis le tenir, je le ferai mourir cruellement, parce qu’il a tué mon cher neveu. Ils coururent sur lui, mais, aidé de ses parens, il se défendit courageusement, et il y eut un combat sanglant dans tout le palais ; Maugis cousin de Regnaut, faisait grand carnage : pendant que ces horreurs se passaient dans le palais, Regnaut, ses trois frères et Maugis se retirèrent, et, étant montés à cheval, ils partirent de Paris, et s’en retournèrent vers Dordonne. Quand l’empereur sut que Regnaut et ses frères étaient partis, il fit armer deux mille chevaliers pour les poursuivre ; mais