Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/48

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à Paris, après avoir fait la paix avec les frères du duc Beuves d’Aigremont ; à cette fête vinrent Guillaume l’Anglais, Galeran de Bouillon, quinze rois, trente ducs et quarante comtes ; il vint aussi le duc Aymon de Dordonne avec ses quatre fils, auxquels le roi dit : je vous aime vous et vos enfans, et je veux que Regnaut soit mon sénéchal, les autres frères auront aussi mes faveurs. Sire, dit Aymon, je vous remercie du grand honneur que vous me faites ainsi qu’à mes enfans. Sachez que nous vous servirons loyalement ; mais vous m’avez bien fâché quand, par trahison, vous avez fait mourir le duc Beuves mon frère, après lui avoir donné un sauf conduit. Si je ne craignais votre puissance, nous nous en vengerions ; mais d’autant que mon frère Gérard vous a pardonné, je vous pardonne aussi. Aymon, dit le roi, vous pensez mieux que vous ne dites ; car l’offense qu’il m’a faite d’avoir tué mon fils Lohier, méritait bien cela ; ainsi c’est l’un pour l’autre, et qu’il n’en soit plus question : soit, dit le duc Aymon. Alors, Regnaut, Allard, Guichard et Richard vinrent et dirent : Sire, vous nous avez fait venir devant vous, mais sachez que nous ne vous aimions point, parce que vous avez fait mourir notre oncle le duc de Beuves d’Aigremont. Le roi les avant entendu, rougit de colère, et dit à Regnaut : Malheureux, retire-toi, car sans la compagnie je te ferais mettre dans une prison si obscure que de longtems tu ne reverrais la lumière. Sire, dit Regnaut, ce ne serait pas la trahison qui peut vous en empêcher ; mais puisque vous ne voulez pas en entendre parler, nous nous tenons belle sur rassemblée de quinze