Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/58

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vers son frère Richard et lui dit : je ne vous manquerai jamais, car je vous aime autant que moi-même, je vous regarde comme le meilleur de tous les chevaliers ; alors il l’embrassa, et dit à ses frères : faites sonner de la trompette pour préparer la sortie, afin de montrer au roi qui nous sommes. Si Dieu voulait que nous pussions prendre le comte d’Estampes, j’en serais fort joyeux, car de tous nos ennemis c’est celui que je crains le plus : il ne pourra nous échapper, il est toujours à l’avant-garde. Alors les quatre frères et tous ceux de leur compagnie s’armèrent et sortirent tous par la fausse porte du château sans faire du bruit ; ils tombèrent avec précipitation sur l’armée du roi avec tant de fureur, qu’ils renversèrent soldats, tentes et pavillons. Il fallait voir Regnaut monté sur Bayard et les alarmes qu’il faisait, car celui qu’il rencontrait pouvait se regarder comme malheureux ; il n’atteignait personne qu’il ne le renversât. Quand les gens du roi virent leurs ennemis, ils coururent aux armes et vinrent contre les gens de Regnaut. Le vieux Aymon entendit le bruit et monta à cheval lui et ses gens, se mit en bataille contre ses enfans. Regnaut voyant son père fut bien fâché, et dit à ses frères : voici notre père cédons-lui la place ; je ne voudrais pas qu’aucun de nous le frappât. Ils se retournèrent d’autre part ; mais leur père vint sur eux et les maltraita cruellement. Regnaut voyant que son père les attaquait si vivement, lui dit : mon père, vous faites mal, vous devriez nous secourir et vous nous faites pis que les autres : il me parait bien que vous ne nous aimez pas ; il vous déplaît que nous sommes si cou-