Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/59

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rageux contre le roi ? car vous nous avez déshérité. Nous avons fait faire ce petit château pour notre retraite, et vous-même venez le détruire ; ce n’est pas bien agir ; si vous ne nous faites pas de bien, ne nous faites pas de mal. Je vous jure que si vous avancez, je vous donnerai un tel coup d’épée que vous aurez lieu de vous en repentir.

Aymon fut très-irrité d’entendre son fils lui parler ainsi, car il connaissait bien Regnaut, mais il ne pouvait faire autrement, tant il redoutait le roi ; ainsi il se retira sans rien dire à son fils.

Pendant que Regnaut faisait des reproches à son père, le roi Charlemagne, Aubry, Oger, le comte Henri et Foulques de Morillon arrivèrent ; quand Regnaut les aperçut, il fit sonner de la trompette pour rassembler ses gens ; quand ils furent réunis, un chevalier nommé Thierry fit courir son cheval contre les gens de Regnaut ; mais quand Allard le vit, il piqua son cheval et courut sur Thierry, qu’il frappa si rudement, qu’il lui passa son épieu au travers du corps. Quand ! e roi vit tomber le chevalier Thierry, il fut si irrité qu’il commença à dire : Seigneurs, prenez vengeance de ces malheureux qui nous maltraitent. Quand le vieux Aymon en tendit ainsi parler le roi, de crainte d’en être blâmé, il piqua son cheval et frappa si cruellement un des chevaliers de ces gens, qu’il lui abattit la tête. Père, lui dit son fils Regnaut, vous agissez bien mal de tuer ainsi mes gens ; mais si ce n’était la crainte d’être blâmés nous nous en vengerions ; il dit ensuite : Ah ! ma mère, quel chagrin pour vous d’apprendre tous les maux que mon père nous fait aujourd’hui !