Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/76

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Aymon entendit cela, il courut sur ses enfans la lance baissée comme si c’eût été sur des étrangers. Regnaut cria à ses frères et leur dit : Seigneurs pensons à nous bien défendre, le danger est pressant ; il piqua Bayard et se mit dans la mêlée, où il combattit avec tant de courage que les gens de son père en furent surpris. Le combat s’animait, mais Regnaut fut obligé de l’abandonner, parce que son père avait plus de monde que lui. Regnaut voyant que de cinq cents hommes il ne lui en restait plus que cinquante, dont plusieurs étaient blessés, se sauva sur une montagne, toujours poursuivi par son père qui pensait bien se saisir d’eux. Quand Regnaut se vit sur cette montagne, il dit à ses frères : ne quittons pas ce lieu, il est très-propre pour nous défendre ; il y eut quantité de chevaliers de tués, et, le bon cheval d’Allard y périt ; son maître, le voyant mort, mit aussitôt l’épée à la main et se défendit vaillamment ; Richard courut auprès de lui pour le secourir : Aymon et ses gens s’efforçaient de le prendre. Le combat devint plus terrible qu’avant, et Allard aurait été pris, si Regnaut ne l’eût secouru en se jetant dans la mêlée et renversant son père. Vous avez mal agi contre mon frère, lui dit-il ; il retira Allard et le fit monter en croupe. Quand Bayard se sentit chargé de deux écuyers, il se tint la tête haute et se redressa tellement, que Regnaut en fut surpris : il combattit longtemps ayant son frère eu croupe, et il se retira. Les quatre fils Aymon, excepté Regnaut, étaient harassés par la fatigue ; de temps en temps Regnaut se retournait