Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/75

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le voulez, nous le ferons. Alors ils allèrent vers Regnaut, qui fut bien fâché de voir les messagers de son père ; il dit à ses frères ! Seigneurs, armons-nous ; sans cela nous serons bientôt vaincus, parce que je connais toute la colère de mon père contre nous. Frère, dit Richard, vous avez raison. Cependant les deux chevaliers arrivèrent auprès de Régnaut, qui alla au-devant d’eux et leur demanda : Seigneurs, qui êtes-vous et quel sujet vous amène ici ? Alors un des chevaliers lui dit : nous venons vous défier de la part de votre père. Seigneurs, dit Regnaut, je m’en suis douté quand je vous ai aperçus : retournez et dites à mon père de vouloir bien nous accorder trêve ; il ne serait pas naturel de voir un père qui combattrait ses propres enfans. Sire, dirent les chevaliers, préparez-vous toujours à vous défendre, car il vous attaquera. Les chevaliers s’en retournèrent et dirent à Aymon qu’ils avaient fait leur message. Quand le vieil Aymon les eut entendus, il ne resta pas longtemps, il piqua son cheval et courut sur ses enfans. Regnaut, voyant venir son père au-devant de lui, lui dit : Hélas ! mon père, que faites-vous ? nous n’avons point de plus cruel ennemi que vous. Si vous ne voulez pas nous défendre, du moins ne nous faites point de mal.

Malheureux ! dit Aymon, voulez-vous donc toujours demeurer dans les bois ? Vous ne valez pas un fétu, pensez à vous défendre ; car si vous êtes pris, vous périrez dans les tourmens. Père, dit Regnaut, vous avez tort ; je me défendrai puisqu’il le faut, je ne puis faire autrement. Quand