Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/79

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hommes. Aymon, dit le roi, je vous connais ; car s’il ne dépendait que de vous, vos fils seraient seigneurs de France. Sire, dit Aymon, si vous êtes irrité, je n’en suis point cause ; de plus, s’il se trouve un chevalier qui veuille soutenir ce que vous avancez, je lui prouverai qu’il est un fourbe. Vous n’avez jamais aimé vos plus fidèles chevaliers, vous avez toujours préféré des flatteurs, et il n’en est jamais résulté que du mal. Il remonta à cheval et retourna dans son pays sans prendre congé du roi ; peu s’en fallut qu’il ne lui remit son service. Il arriva à Dordonne, où il trouva la duchesse qui venait au-devant de lui, et lui demanda comment il avait agi.

Le duc Aymon répondit qu’il avait bien mal agi ; car, dit-il, j’ai trouvé nos enfans au bois des Ardennes, je les attaquai cruellement pour tâcher de les prendre, c’est ce que je n’ai pu faire ; au contraire, ils ont endommagé mes gens et en ont tué un grand nombre ; il est vrai que, sans la valeur de Regnaut, j’aurais pris Allard, mais il le retira de la bataille, le fit monter en croupe sur Bayard et fit ensuite un si grand carnage que personne n’osait aller à sa rencontre ; il a tué Emofroid, un chevalier dû roi, et il a même emmené son cheval malgré nous. Je retournai à Paris, je racontai au roi ce qui s’était passé. La duchesse l’interrompit en lui disant : Vous avez agi cruellement de leur avoir fait tant de mal ; vous qui devriez les défendre, vous leur faites pis que les autres. Ne sont-ils pas vos enfans ? Hélas ! vous devriez avoir pour eux l’amitié d’un père ; bénie soit l’heure où ils sont