Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nés ; je voudrais qu’ils vous eussent fait prisonnier, afin de leur faire rendre ce qu’ils ont perdu : je suis bien aise de ce que le roi est irrité contre vous, car il ne pourra faire de mal ni à vous ni à vos enfans. Le duc Aymon dit : Dame vous avez raison ; je vous promets dorénavant de ne leur plus faire aucun mal.


CHAPITRE V.


Comme après que le duc Aymon eut vaincu ses enfans, ils se retirèrent dans la forêt des Ardennes comme des bêtes sauvages, et comme ils allèrent ensuite trouver leur mère qui leur donna de l’argent pour combattre Charlemagne.


Après que Regnaut et ses frères eurent été long-temps en la forêt des Ardennes, ils commencèrent à marcher ; ils n’osaient aller dans les villes pour acheter des vivres ; ils étaient cependant bien pressés par la faim et le froid à cause des neiges, la plupart de leurs gens mouraient. Regnaut et ses frères en échappèrent, et ils n’avaient plus que quatre chevaux, Bayard et trois autres ; ils n’avaient ni blé ni avoine à leur donner, et ils ne vivaient que de racines, par quoi les chevaux étaient si maigres, qu’à peine pouvaient-ils aller, excepté Bayard qui se portait bien, car il vivait mieux avec des racines que les trois autres avec de l’avoine. Les quatre vaillans fils Aymon menèrent longtemps cette vie malheureuse : leurs harnais étaient enrouillés, leurs selles et leurs brides pourries ; ils étaient devenus tous noirs et velus. Regnaut avait