Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/84

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tué quatre cerfs et deux sangliers. Il entra dans la salle et trouva ses enfans qui étaient à table avec la duchesse leur mère qui les servait ; il ne les reconnut point et demanda à la duchesse qui étaient ces gens si mal en ordre ; elle se mit à pleurer et lui dit : Sire, ce sont mes enfans et les vôtres que vous avez poursuivis comme des bêtes sauvages ; ils ont resté dans la forêt des Ardennes si longtemps, qu’ils sont devenus dans la triste situation où vous les voyez. Ils sont venus vers moi dans l’espérance d’avoir du renfort.

Aymon fut bien fâché, et se retournant vers ses enfans, il leur dit : malheureux ! vous ne valez pas une obole. Père, dit Regnaut, par le respect que je vous dois, notre pays est tranquille, mais les autres ne le sont pas, car d’ici à quatre-vingt lieues, la plupart des gens se sont retirés dans le bois, vous avez eu grand tort de nous faire du mal. Dernièrement vous nous avez ôté notre château de Montfort, vous nous avez ensuite tellement détruits dans la forêt des Ardennes, que de cinq cents chevaliers, il ne nous en est resté que quatorze ; mais puisque vous nous voulez tant de mal, faites-nous trancher la tête, vous serez ami de Charlemagne et ennemi de Dieu. Le duc Aymon sentit bien la valeur des paroles de Regnaut, il se mit à soupirer et dit à ses enfans : songez à partir promptement d’ici. Regnaut lui dit : vous parlez bien durement, nous avons tué tant de gens, que nous ne pouvons aller ailleurs que dans votre pays. Aymon n’y voulut point consentir, et son fils Regnaut lui dit : je découvre maintenant toute votre mauvaise vo-