Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lonté et je sens que vous ne désirez que notre perte. Je vous assure que s’il faut absolument que nous quittions ces lieux, vous me le paierez cher. Comment nous chasser de notre pays ! j’aimerais mieux tomber sous vos coups que de mourir de faim dans d’autres lieux ; mais puisque cela ne peut être autrement, nous verrons. Il changea de couleur et tira son épée moitié hors du fourreau. Allard voyant son frère irrité, courut l’embrasser au plus vite et lui dit : calmez, je vous en prie, votre colère, notre père est notre maitre, ainsi il peut faire ce que bon lui semblera ; c’est à nous de lui obéir humblement ; prenez bien garde de mettre la main sur lui, car ce serait contre le commandement de Dieu. Frère dit Regnaut, peu s’en faut que je n’éclate en invectives, quand je vois que celui qui devrait nous défendre et nous se courir, nous maltraite au contraire. Il a fait accord avec Charlemagne pour nous détruire ; je n’ai jamais vu un père si cruel, car il nous a traités comme des misérables. Il nous a fait tant de mal, que nous sommes tombés dans une extrême indigence. Si mon père eût bien agi à mon égard, j’au rais été le premier à le secourir, mais au contraire je ravagerai son pays.

Quand Aymon entendit ainsi parler Regnaut, il se mit à pleurer et dit : grand Dieu ! que je suis malheureux de ne pouvoir jouir du bien que Dieu m’a donné ! que je serais heureux si mes enfans avaient la paix avec l’empereur Charlemagne ! jamais le roi Priant n’eut des enfans plus courageux. Devrais-je donc leur causer tant de chagrins