J’espère, Marmontel, que vous n’aurez pas permis
au comte de faire une trop longue course à pied ?
vissants, mais souvent hypothétiques. C’est une faute, une
grande faute ; Voltaire l’a bien senti, Condorcet également ;
Linnée, son contemporain, Linnée, qui fut maltraité
par M. de Buffon, Linnée aura peut-être une place dans la
postérité que le temps ne lui ravira jamais. Il a attaché son
nom à des classifications jusque-là incertaines, et le beau
système de M. de Jussieu a même respecté Linnée dans
beaucoup de parties. Quant à M. de Buffon, il faut, en faisant
son éloge, parler en même temps de Guéneau de Montbeillard,
élégant écrivain, et de l’abbé Bexon, pour l’histoire des
oiseaux ; de M. Daubenton pour la partie anatomique des
quadrupèdes, ainsi que de Mertrud ; et enfin, pour l’histoire
des serpents et des poissons, de M. de Lacépède, dont le
talent ressemble tant à celui de M. de Buffon, en ce qu’il
montre plus de brillant et de coloris que de profondeur.
Aristote avait posé les premiers fondements de la zoologie ;
Pline mêla le vrai et le faux, le ridicule et le sublime,
accueillant toutes les versions, mais racontant admirablement
ce que lui-même voyait ; puis vinrent ensuite Gessner
(Conrad), Aldrovande, et plus tard Césalpin, Agricola,
Jean Rai. Tous ces esprits, cherchant la lumière, avaient
préparé les voies, et lorsque M. de Buffon fut transporté
au Jardin du Roi, au milieu de ces trésors dont la profusion
étonnait même la science, il n’y vint pas seul, et n’y travailla
jamais sans aide*.
M. de Buffon est de Montbard ; les détails de sa vie habi-
*. Les deux frères de ma belle-mère, les oncles de Junot, qui