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Page:Histoire des salons de Paris, tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier. Tome 1.pdf/21

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INTRODUCTION.

À cette époque, la jeunesse de vingt-cinq ans, de trente ans, était toute faite, toute instruite, toute pénétrée des maximes philosophiques, et s’attendant aux plus grands mouvements politiques ; la république des lettres avait précédé la Révolution, et lorsque l’abbé Raynal publia la cinquième édition de son histoire des Indes, il trouva la nation tout occupée de son livre et des troubles d’Amérique. Cependant je ne suis pas de l’avis de ceux qui attribuent aux philosophes les malheurs de la Révolution : elle fut sanglante parce qu’une telle commotion ne se peut faire sans douleur et sans quelques malheurs particuliers. L’abbé Raynal racontait lui-même que, lorsqu’il était prêtre, il prêchait et disait des choses pour nous qu’il ne croyait pas. Je crois donc avec raison que la philosophie a amené la Révolution, mais je nie qu’elle ait fait ses malheurs.

Au commencement du règne de Louis xvi et même depuis 68, il y avait à Paris des réunions périodiques dont l’histoire n’est point écrite et qui, cependant, tient à la nôtre essentiellement : les gens de lettres confondus avec la plus élégante société de Paris, la plus riche et la plus haute classe, professaient dans un salon meublé avec un luxe asiatique, après un dîner d’une exquise recherche, avec plus de contentement que dans une