sujet de discussion, aussitôt que vingt personnes étaient ensemble ; les femmes elles-mêmes se mettaient sur les rangs pour combattre, et cela avec d’autant plus de raison que c’était presque toujours une querelle de famille[1]. Cette nouvelle discorde venait de la lutte éclatante entre les évêques pieux et les évêques philosophiques ; les gens sensés y voyaient un sujet d’alarme et de dissolution, et les autres au moins un sujet de scandale. M. de Juigné, archevêque de Paris, était le chef du parti pieux ; son acolyte, plus hardi que lui, M. de Beauvais, évêque de Senez, tonnait courageusement du haut de la chaire de vérité devant le feu roi :
« Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » disait ce nouveau prophète…
Et quarante jours après, le Roi était sur la première marche de l’escalier mortuaire à Saint-Denis !…
Ce fut lui qui, dans l’oraison funèbre de
- ↑ Voici à ce sujet un mot du prince de Conti le père. Son
fils, le comte de la Marche, prit parti pour le parlement
Maupeou ; le vieux prince était pour l’ancienne magistrature,
et pensait que la France était perdue si elle demeurait
exilée.
« Je savais bien, dit-il un jour devant cent personnes, que le comte de la Marche était mauvais fils, mauvais père et mauvais mari, mais je ne le croyais pas mauvais citoyen. »