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Page:Histoire des salons de Paris, tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier. Tome 1.pdf/50

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INTRODUCTION.

d’un simple rapport. M. de Maurepas dissimula, mais la blessure avait été profonde ; il se sentit d’autant plus humilié que M. de Pezay était poëte, et que lui aussi faisait des chansons. Cependant il trouva des sourires et caressa même beaucoup M. de Pezay devant le Roi. Mais lorsque le filleul fut en route avec le parrain pour le remettre chez lui, il s’arrêta tout-à-coup, et regardant le jeune homme ambitieux et favori avec toute la haine impuissante du vieillard ambitieux sans pouvoir, il lui dit : « Vous êtes en relation avec le Roi ! vous ! vous ! »

Et il joignait les mains en regardant au ciel comme s’il avait cru à quelque chose !

M. de Pezay, en prenant le parti qu’il suivait si obstinément depuis deux ans, s’était attendu à l’éclaircissement qui venait d’avoir lieu…, et s’y était préparé… Aussi eut-il bientôt ramené à lui M. de Maurepas. Il avait une grâce extrême, de la cajolerie même dans les manières, et ce qui nous paraîtrait aujourd’hui ridicule, et même absurde à n’être pas admis, n’était alors qu’un excès de politesse recherchée, trop affectée peut-être et révélant la province ; mais après tout l’inconvénient n’allait pas plus loin[1].

  1. Après tout, il n’était qu’un intrigant un peu plus habile et mieux élevé qu’un autre, et voilà tout.