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Page:Histoire des salons de Paris, tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier. Tome 1.pdf/62

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INTRODUCTION.

était puissant, et qui le voyaient attaqué par la nouvelle faveur du ministre étranger, le désignèrent pour victime, avec d’autant plus de joie, qu’en le frappant ils abattaient deux têtes ; car pour arriver à lui il fallait abattre l’homme qui l’avait placé en si haut lieu. Il leur était bien égal que M. Necker fît du bien à la France ! que leur importait ? ils voulaient se venger, et ils se vengèrent. Ils commencèrent par M. de Pezay. La chose était difficile, parce qu’il plaisait au Roi ; mais qu’il fût hors de sa vue, et la chose allait toute seule. Il fallait donc seulement l’éloigner. On lui persuada de faire une tournée comme inspecteur des côtes ; il en demanda l’ordre. Madame Necker lui conseilla de ne pas quitter Versailles. « Vous aurez quelque désagrément de cette absence, mon ami, lui dit-elle ; il ne faut pas quitter les rois… ils sont oublieux de leur naturel et faciles à influencer.

— Le Roi m’aime trop pour que je puisse craindre, » dit M. de Pezay d’un ton dédaigneux… et il partit. Ce voyage ne lui avait été conseillé, en effet, que par des ennemis… Il se conduisit dans cette tournée comme on l’avait espéré, c’est-à-dire avec un manque absolu de tact et de convenances. Il y avait sur son chemin de vieux officiers qu’il traita fort mal et avec l’insolence d’un favori parvenu. Mais si le naturel des rois est oublieux, celui de