Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/31

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Sénéchal de France. Son surnom de Grise-Gonelle serait lui-même un titre de gloire. Pendant que les Danois assiégeaient Paris, un de leurs chefs, Ethelwulf, « comme un autre Goliath, » provoquait tous les jours les troupes royales, et avait déjà tué en duel plusieurs seigneurs des plus nobles et des plus braves. Le comte d’Anjou, accompagné seulement de deux écuyers, et sans se faire connaître, passe la Seine pendant la nuit, et le matin venu, il provoque le Danois, et le perce d’un coup d’épée, après avoir été blessé lui-même ainsi que son cheval. Puis il lui tranche la tête qu’il fait porter dans la ville assiégée, et se rend ensuite auprès du roi. Lorsque son messager vint apporter la tête du Danois, le roi demanda le nom du vainqueur. « C’est le seigneur à la gonelle grise ! » répondit l’homme qui venait de reconnaître Geoffroy. Le roi décida qu’en souvenir de cet exploit le comte d’Anjou s’appellerait désormais Grise-Gonelle.

Dans une autre occasion il se fit le champion de la cause française contre Berthold, duc de Saxe, qu’il tua en combat singulier. La reine Emma, sa parente, lui avait donné pour le protéger dans ce duel une ceinture de la Sainte Vierge, que Charles le Chauve avait, dit-on, rapportée de Constantinople, et qui était conservée précieusement dans la chapelle du palais. En 962, Geoffroy fit le voyage de Rome, et à son retour il fonda, d’après les ordres du Pape, ou plutôt il rebâtit une église qui tombait en ruine, et la plaça sous le vocable de sainte Marie-Madeleine, première patronne, et de la mère de Dieu ; et il y déposa la relique qui lui avait été donnée par la reine. C’est la Collégiale que nous admirons encore aujourd’hui[1].

  1. Consilio ingenuorum Lucensium militum, in hoc castro Lucas scilicet hanc reædifico ecclesiam, non ut sanctæ Magdalenæ Mariæ