Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/43

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Il eut pour successeur son fils Geoffroy II, surnommé Martel, qui fut, dit-on, nourri à Loches, par la femme d’un forgeron, d’où lui serait venu son surnom. Hildegarde, sa mère, aurait même fait bâtir à cette époque, vers 1010, une chapelle sur l’emplacement où s’éleva plus tard le clocher Saint-Antoine[1].

Geoffroy était le digne fils de Foulque Nerra : « præ omnibus generis sui animosior, dit la chronique des comtes d’Anjou, negocia sua omnia cum impetu peragebat. »

Il avait déjà, du vivant de son père, donné des preuves de cet esprit impétueux et bouillant. Vers 1032, à la suite de difficultés entre sa tante et son cousin Foulque comte de Vendôme, il s’était emparé des terres de ce dernier ; il avait, à peu près à la même époque, épousé Agnès, veuve de Guillaume IV comte de Poitou, et à la suite de cette union il s’était, malgré les efforts malheureux du comte de Poitiers Guillaume V, rendu maître de la Saintonge. Soit à cause de ce mariage, soit parce que Geoffroy ne voulait pas rendre à son cousin le Vendômois, de graves discussions s’élevèrent entre le père et le fils. Entre deux hommes de cette trempe une étincelle devait allumer la guerre. Foulque fut vainqueur, et mettant une selle sur le dos de son fils, il le fit marcher ainsi pendant plusieurs milles :

« Ah ! tu es donc vaincu, enfin ! lui dit-il, en le repoussant plusieurs fois du pied.

— Oui, répondit Geoffroy, vaincu, mais par toi seulement parce que tu es mon père. Pour tout autre je suis invincible ! »

Cette fière réponse désarma le farouche baron. Il embrassa son fils et lui rendit son affection.

  1. Geoffroy naquit à Loches le 12 avril 1005, d’après la chronique de Saint-Maixent, ou le 14 octobre 1006, selon celle de Saint-Aubin-d’Angers.