Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/61

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sa conquête encore inachevée à son fils Henry (1135).

Les deux familles ennemies d’Anjou et de Blois devaient encore se rencontrer sur un terrain bien différent de celui de la guerre. Aliénor, duchesse d’Aquitaine, répudiée par le roi Louis VII, passait à Blois pour rentrer dans son duché (1152), lorsque Thibault V, séduit par sa beauté, et sans doute aussi par son opulent héritage, essaya de la retenir à sa cour, et même, dit le chroniqueur, de l’épouser de force. Elle s’enfuit, traversa à la hâte les terres du comte d’Anjou. Le second fils de ce prince, Geoffroy ayant eu vent de la nouvelle, se lance à la poursuite de la duchesse et va l’attendre au Port-de-Piles. Mais Aliénor, « protégée par son bon ange, » prend un autre chemin et arrive enfin en Aquitaine. L’enlèvement manqué, les relations diplomatiques se renouent et se terminent par le mariage non de Geoffroy, mais d’Henry son frère aîné, et de la belle Aliénor, six semaines après le divorce de celle-ci avec le roi de France. Henry avait alors dix-huit ans. Aliénor en avait trente-trois.

Ce mariage romanesque procurait au jeune prince des avantages très positifs. Il y trouvait une nouvelle puissance pour revendiquer les droits de sa mère sur l’Angleterre. Le vieux roi Étienne fatigué de la lutte, accablé par le chagrin que lui causait la mort récente de son fils Eustache (1153), finit par adopter Henry, et le fit couronner de son vivant ; de son côté le nouveau roi s’engageait à laisser à Guillaume, second fils d’Étienne, le comté de Mortain et d’immenses possessions en Angleterre. Étienne mourut lui-même peu de temps après (25 octobre 1154).

Geoffroy Plantagenet, en mourant, avait stipulé que l’Anjou serait remis à son second fils Geoffroy, dans le cas où Henry monterait sur le trône d’Angleterre. Mais cette condition ne fut point observée ; Henry n’hésita pas à dé-