Page:Histoire et vie de l’Arrétin, 1774.djvu/37

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paſſion en même temps. Je diſois-en moi-même ; Le voilà ſeul le pauvret ſans femme comme je ſuis ſans homme, ne ſeroit-ce pas bien fait de nous unir pour ſortir tous de l’inquietude où nous ſommes ? mais comment faire ! Je m’aviſai à la fin de prendre le prétexte de l’aller trouver pour lui demander des nouvelles de ſon ami & comme il ſe portoit de ſa fiévre. Il ne bougea point de deſſus ſon lit quand j’entrai, ſeulement il ſe couvrit ; & moi je m’étois découverte la gorge, afin qu’il pût voir mes tetons qui lui plaiſoient à ce qu’il m’avoit dit ſouvent. D’abord il me pria d’approcher & me prenant une main il me regarda languiſſamment : Il me dit que la maladie de ſon ami étoit fort dangereuſe, mais ne parlons pas de cela, ajoûta-t-il, dites moi ſeulement ſi vous ne voudriez pas être femme d’un homme qui vous aimerois de tout ſon cœur. Je lui répondis que j’avois oüi dire qu’une femme étoit heureuſe quand elle poſſedoit le cœur d’un homme. Et bien, pourſuivit-il, en me ſerrant toujours ma main & regardant ma