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marchand prendre des nipes. Il entra chez le marchand en même tems que moi un jeune homme de qualité qui venoit acheter des rubans. Il m’accoſta de fort bonne grace & m’entretint avec eſprit. Il attendit que j’euſſe fait mon emplete, & en ſortant il s’offrit de me conduire chez moi. Je ne le refuſai point. Il voulut s’arrêter au devant de ma porte, mais je ne voulus pas y reſter, je lui fis compliment de monter en haut. Tu peux bien t’imaginer s’il fit des façons. Après qu’il m’eut louée de la propreté de mes meubles il vint à des déclarations d’amour, & il rechercha les expreſſions les plus fortes pour me perſuader de ſa ſincérité. Nous en demeurames là pour ce jour ; & au honnêtetés près je ne lui permis aucune liberté : je crus qu’il étoit bon de le laiſſer dans toute ſon ardeur. Avant de ſortir il me pria d’agréer qu’il vint me voir ; je le laiſſai eſpérer, & le lendemain il vint à la même heure. Il me parut d’abord plus paſſionné que jamais. Ses premiers complimens furent que je lui permettroit d’en agir avec moi comme