Page:Histoire et vie de l’Arrétin, 1774.djvu/9

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rer de ſa fidélité, il aima mieux abandonner toutes ſes affaires & ne la point quitter d’un pas. Enfin ils ſortirent de Veniſe, & après avoir couru quelque tems çà & là, ils vinrent à Rome. Si tu l’avois vûe alors, jamais créature n’a été plus miſerable qu’elle l’étoit. Son galant avoit mangé tout ſon bien, & il ne ſçut pas être bon voleur, on l’envoya aux galères. La pauvre fille étoit bien en peine : cependant elle fut bien inſpirée, elle ſe fit connoître à Dame Angélique, qui demeuroit à Campo del Fiori, c’étoit une femme habile, & elle vit bien que nôtre Venitienne avec toute ſa miſere ne laiſſoit pas d’avoir aſſez beau nés ; & que ſi une fois elle l’avoit inſtruite, il y auroit quelque choſe à gagner. En effet il vint dans peu bonne compagnie chez Dame Angelique. Ce n’étoient pourtant au commencement guères que des Moines & des Prêtres ; mais ceux-là ne ſont pas ceux qui payent le plus mal. Enſuite elle ſe rendit plus conſidérable par les beaux habits qu’elle mit ; des Evêques & des Cardinaux en voulurent, &