Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/111

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défaut, des converſations animées par des expreſſions pittoreſques, par des pensées originales. La plupart étoient muſiciens. Des écoles s’ouvroient par-tout pour la jeuneſſe. Sous chaque toît, on trouvoit au moins un hiſtorien pour rappeler les grands événemens, & un poète pour les chanter. Les lacs, les forêts, les antres, les cataractes ; la majeſtueuſe grandeur de tous ces objets qui les entouroient, donnoit de l’élévation à leur eſprit, jetoit une teinte de mélancolie ſur leur caractère, & entretenoit un enthouſiaſme ſacré au fond de leur âme. Ces peuples s’eſtimoient ſans mépriſer les autres nations. Leur aſpect en impoſoit à l’homme civilisé, dans lequel ils ne voyoient qu’un de leurs ſemblables, de quelque titre qu’il fût décoré. L’étranger qui ſe préſentoit étoit reçu avec une affection ſimple & cordiale. Ils conſervoient longtems le reſſentiment de l’injure faite à l’un d’entre eux : les liens du ſang la rendoient commune à tous. Après un combat, ils panſoient les plaies de leur ennemi avant les leurs. Toujours armés, l’uſage habituel des inſtrumens homicides leur en ôtoit la crainte,